La crise de lâesprit », Paul ValĂ©ry « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », câest ce quâaffirme ValĂ©ry dans sa premiĂšre lettre de La Crise de lâesprit. Avec cette citation, nous pouvons rendre compte de lâĂ©tat dâesprit de lâauteur, qui se veut rassurant, sans ĂȘtre rassurĂ©.
RĂ©servĂ© aux abonnĂ©s PubliĂ© le 25/05/2021 Ă 1923, Mis Ă jour le 26/05/2021 Ă 1248 Boualem Sansal. Clairefond TRIBUNE - On sait que lâĆuvre de lâĂ©crivain algĂ©rien, rĂ©putĂ© pour son indĂ©pendance dâesprit, qui vit en AlgĂ©rie envers et contre tout, rencontre un trĂšs vif succĂšs dans plusieurs pays europĂ©ens, en particulier en France et en Allemagne. Selon lui, notre pays souffre de ne plus se reconnaĂźtre. Pour faire face Ă nos maux, Boualem Sansal nous invite Ă redĂ©couvrir la pensĂ©e dâIbn Khaldoun, historien arabe qui a mĂ©ditĂ© sur la naissance et sur la mort des empires. Auteur de plusieurs dizaines dâouvrages, Boualem Sansal a notamment publiĂ© Le Serment des barbares» Gallimard, 1999, Le Village de lâAllemand ou Le Journal des frĂšres Schiller» Gallimard, 2008, couronnĂ© par quatre prix, 2084. La Fin du monde» Gallimard, 2015, grand prix du roman de lâAcadĂ©mie française, et Le Train dâErligen ou La MĂ©tamorphose de Dieu» Gallimard, 2019. Dernier roman paru Abraham ou La CinquiĂšme alliance» Gallimard, coll. Blanche», 2020, 288 p., 21 âŹ.La rĂ©ponse est en grande partie dans la question. Si on se demande ce quâon va devenir câest quâon se sait malade, condamnĂ©, perdu, et de plus, implicitement dit, incapable de nous en sortir par nous-mĂȘme. Il y a aussi, sous-jacent, comme un appel au secours. On espĂšre, on attend, on gĂ©mit pour inspirer la pitiĂ©, sachant bien cependant que nos amis et nos ennemis de par le monde ont leur propre vision des y a toujours beaucoup de rĂ©ponses dans les questions. Il faut juste les trouver. Ce que, en lâoccurrence⊠Cet article est rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s. Il vous reste 90% Ă libertĂ© câest aussi dâaller Ă la fin dâun Ă lire votre article pour 0,99⏠le premier mois DĂ©jĂ abonnĂ© ? Connectez-vous Ă lire aussiYana Grinshpun L'affiche du Planning familial sur des ''hommes enceints'' utilise le langage pour promouvoir une idĂ©ologie de dĂ©construction de l'identité»ENTRETIEN - Analysant la campagne du Planning familial qui soutient que les hommes peuvent ĂȘtre enceints», la linguiste Yana Grinshpun livre une rĂ©flexion sur l'arme du discours dans les revendications militantes. Il ne sert plus Ă se rĂ©fĂ©rer Ă la rĂ©alitĂ© mais prĂ©tend la transformer, voici l'androcĂšne», la thĂ©orie de Sandrine Rousseau imputant la crise Ă©cologique... aux garçonsANALYSE - La dĂ©putĂ©e EELV publie, en compagnie de deux militantes, un court essai sur l'Ă©cofĂ©minisme intitulĂ© Par-delĂ l'androcĂšne Seuil. Ce nĂ©ologisme entend lier et confondre, en une seule et mĂȘme oppression, racisme, colonialisme, sexisme et dĂ©rĂšglement Sorel La surreprĂ©sentation d'Ă©trangers parmi les auteurs de faits de dĂ©linquance constatĂ©e par Darmanin Ă©tait connue, mais le âpolitiquement correctâ paralysait»ENTRETIEN - GĂ©rald Darmanin a dĂ©clarĂ© dans le JDD qu'il serait idiot de ne pas dire qu'il y a une part importante de la dĂ©linquance qui vient de personnes immigrĂ©es». Pour l'essayiste, il s'agit d'un fait avĂ©rĂ©, et le reconnaĂźtre est nĂ©cessaire, car cette rĂ©alitĂ© a Ă©tĂ© longtemps peu ou prou occultĂ©e.
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Ă©crivait Paul ValĂ©ry. En Ă©cho, derniĂšrement, Amin Maalouf sort un livre dont le titre est : Le naufrage des civilisations. Bienheureux le temps oĂč on pouvait encore Ă©crirecivilisationau pluriel. La disparition de lâune nâĂ©tait pas la disparition des autres.
La longue, lâinĂ©puisable durĂ©e des civilisations Un texte classique de Fernand Braudel Fernand Braudel⊠Ce texte est extrait de lâarticle de Fernand Braudel Histoire des Civilisations le passĂ© explique le prĂ©sent » publiĂ© en 1959 dans LâencyclopĂ©die française et repris en 1997 dans Les Ambitions de lâHistoire Paris, Ăditions de Fallois, 1997. Ce que lâhistorien des civilisations peut affirmer, mieux quâaucun autre, câest que les civilisations sont des rĂ©alitĂ©s de trĂšs longue durĂ©e. Elles ne sont pas mortelles , Ă lâĂ©chelle de notre vie individuelle surtout, malgrĂ© la phrase trop cĂ©lĂšbre de Paul ValĂ©ry. Je veux dire que les accidents mortels, sâils existent et ils existent, bien entendu, et peuvent disloquer leurs constellations fondamentales les frappent infiniment moins souvent quâon ne le pense. Dans bien des cas, il ne sâagit que de mises en sommeil. Dâordinaire, ne sont pĂ©rissables que leurs fleurs les plus exquises, leurs rĂ©ussites les plus rares, mais les racines profondes subsistent au-delĂ de bien des ruptures, de bien des hivers. RĂ©alitĂ©s de longue, dâinĂ©puisable durĂ©e, les civilisations, sans fin rĂ©adaptĂ©es Ă leur destin, dĂ©passent donc en longĂ©vitĂ© toutes les autres rĂ©alitĂ©s collectives; elles leur survivent. De mĂȘme que, dans lâespace, elles transgressent les limites des sociĂ©tĂ©s prĂ©cises qui baignent ainsi dans un monde rĂ©guliĂšrement plus vaste quâelles-mĂȘmes et en reçoivent, sans toujours en ĂȘtre conscientes, une impulsion, des impulsions particuliĂšres, de mĂȘme sâaffirme dans le temps, Ă leur bĂ©nĂ©fice, un dĂ©passement que Toynbee a bien notĂ© et qui leur transmet dâĂ©tranges hĂ©ritages, incomprĂ©hensibles pour qui se contente dâobserver, de connaĂźtre le prĂ©sent » au sens le plus Ă©troit. Autrement dit, les civilisations survivent aux bouleversements politiques, sociaux, Ă©conomiques, mĂȘme idĂ©ologiques que, dâailleurs, elles commandent insidieusement, puissamment parfois. La RĂ©volution française nâest pas une coupure totale dans le destin de la civilisation française, ni la RĂ©volution de 1917 dans celui de la civilisation russe, que certains intitulent, pour lâĂ©largir encore, la civilisation orthodoxe orientale. Je ne crois pas davantage, pour les civilisations sâentend, Ă des ruptures ou Ă des catastrophes sociales qui seraient irrĂ©mĂ©diables. Donc, ne disons pas trop vite, ou trop catĂ©goriquement, comme Charles Seignobos le soutenait un jour 1938 dans une discussion amicale avec lâauteur de ces lignes, quâil nây a pas de civilisation française sans une bourgeoisie, ce que Jean Cocteau traduit Ă sa façon La bourgeoisie est la plus grande souche de France⊠Il y a une maison, une lampe, une soupe, du feu, du vin, des pipes, derriĂšre toute oeuvre importante de chez nous. » Et cependant, comme les autres, la civilisation française peut, Ă la rigueur, changer de support social, ou sâen crĂ©er un nouveau. En perdant telle bourgeoisie, elle peut mĂȘme en voir pousser une autre. Tout au plus changerait-elle, Ă cette Ă©preuve, de couleur par rapport Ă elle-mĂȘme, mais elle conserverait presque toutes ses nuances ou originalitĂ©s par rapport Ă dâautres civilisations; elle persisterait, en somme, dans la plupart de ses vertus » et de ses erreurs ». Du moins, je lâimagine⊠Aussi bien, pour qui prĂ©tend Ă lâintelligence du monde actuel, Ă plus forte raison pour qui prĂ©tend y insĂ©rer une action, câest une tĂąche payante » que de savoir discerner, sur la carte du monde, les civilisations aujourdâhui en place, en fixer les limites, en dĂ©terminer les centres et pĂ©riphĂ©ries, les provinces et lâair quâon y respire, les formes » particuliĂšres et gĂ©nĂ©rales qui y vivent et sây associent. Sinon, que de dĂ©sastres ou de bĂ©vues en perspective! Dans cinquante, dans cent ans, voire dans deux ou trois siĂšcles, ces civilisations seront encore, selon toute vraisemblance, Ă peu prĂšs Ă la mĂȘme place sur la carte du monde, que les hasards de lâHistoire les aient, ou non, favorisĂ©es, toutes choses Ă©gales dâailleurs, comme dit la sagesse des Ă©conomistes, et sauf Ă©videmment si lâhumanitĂ©, entre-temps, ne sâest pas suicidĂ©e, comme malheureusement elle en a, dĂšs aujourdâhui, les moyens. Ainsi notre premier geste est de croire Ă lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, Ă la diversitĂ© des civilisations du monde, Ă la permanence, Ă la survie de leurs personnages, ce qui revient Ă placer au premier rang de lâactuel cette Ă©tude de rĂ©flexes acquis, dâattitudes sans grande souplesse, dâhabitudes fermes, de goĂ»ts profonds quâexplique seule une histoire lente, ancienne, peu consciente tels ces antĂ©cĂ©dents que la psychanalyse place au plus profond des comportements de lâadulte. Il faudrait quâon nous y intĂ©resse dĂšs lâĂ©cole, mais chaque peuple prend trop de plaisir Ă se considĂ©rer dans son propre miroir, Ă lâexclusion des autres. En vĂ©ritĂ©, cette connaissance prĂ©cieuse reste assez peu commune. Elle obligerait Ă considĂ©rer en dehors de la propagande, valable seulement, et encore, Ă court terme tous les graves problĂšmes des relations culturelles, cette nĂ©cessitĂ© de trouver, de civilisation Ă civilisation, des langages acceptables qui respectent et favorisent des positions diffĂ©rentes, peu rĂ©ductibles les unes aux autres. Et pourtant, tous les observateurs, tous les voyageurs, enthousiastes ou maussades, nous disent lâuniformisation grandissante du monde. DĂ©pĂȘchons-nous de voyager avant que la terre nâait partout le mĂȘme visage! En apparence, il nây a rien Ă rĂ©pondre Ă ces arguments. Hier, le monde abondait en pittoresque, en nuances; aujourdâhui toutes les villes, tous les peuples se ressemblent dâune certaine maniĂšre Rio de Janeiro est envahi depuis plus de vingt ans par les gratte-ciel; Moscou fait penser Ă Chicago; partout des avions, des camions, des autos, des voies ferrĂ©es, des usines; les costumes locaux disparaissent, les uns aprĂšs les autres⊠Cependant, nâest-ce pas commettre, au-delĂ dâĂ©videntes constatations, une sĂ©rie dâerreurs assez graves? Le monde dâhier avait dĂ©jĂ ses uniformitĂ©s; la technique et câest elle dont on voit partout le visage et la marque nâest assurĂ©ment quâun Ă©lĂ©ment de la vie des hommes, et surtout, ne risquons-nous pas, une fois de plus, de confondre la et les civilisations ? La terre ne cesse de se rĂ©trĂ©cir et, plus que jamais, voilĂ les hommes sous un mĂȘme toit » Toynbee, obligĂ©s de vivre ensemble, les uns sur les autres. A ces rapprochements, ils doivent de partager des biens, des outils, peut-ĂȘtre mĂȘme certains prĂ©jugĂ©s communs. Le progrĂšs technique a multipliĂ© les moyens au service des hommes. Partout la civilisation offre ses services, ses stocks, ses marchandises diverses. Elle les offre sans toujours les donner. Si nous avions sous les yeux une carte des rĂ©partitions des grosses usines, des hauts fourneaux, des centrales Ă©lectriques, demain des usines atomiques, ou encore une carte de la consommation dans le monde des produits modernes essentiels, nous nâaurions pas de peine Ă constater que ces richesses et que ces outils sont trĂšs inĂ©galement rĂ©partis entre les diffĂ©rentes rĂ©gions de la terre. Il y a, ici, les pays industrialisĂ©s, et lĂ , les sous-dĂ©veloppĂ©s qui essaient de changer leur sort avec plus ou moins dâefficacitĂ©. La civilisation ne se distribue pas Ă©galement. Elle a rĂ©pandu des possibilitĂ©s, des promesses, elle suscite des convoitises, des ambitions. En vĂ©ritĂ©, une course sâest instaurĂ©e, elle aura ses vainqueurs, ses Ă©lĂšves moyens, ses perdants. En ouvrant lâĂ©ventail des possibilitĂ©s humaines, le progrĂšs a ainsi Ă©largi la gamme des diffĂ©rences. Tout le peloton se regrouperait si le progrĂšs faisait halte ce nâest pas lâimpression quâil donne. Seules, en fait, les civilisations et les Ă©conomies compĂ©titives sont dans la course. Bref, sâil y a, effectivement, une inflation de la civilisation, il serait puĂ©ril de la voir, au-delĂ de son triomphe, Ă©liminant les civilisations diverses, ces vrais personnages, toujours en place et douĂ©s de longue vie. Ce sont eux qui, Ă propos de progrĂšs, engagent la course, portent sur leurs Ă©paules lâeffort Ă accomplir, lui donnent, ou ne lui donnent pas un sens. Aucune civilisation ne dit non Ă lâensemble de ces biens nouveaux, mais chacune lui donne une signification particuliĂšre. Les gratte-ciel de Moscou ne sont pas les buildings de Chicago. Les fourneaux de fortune et les hauts fourneaux de la Chine populaire ne sont pas, malgrĂ© des ressemblances, les hauts fourneaux de notre Lorraine ou ceux du BrĂ©sil de Minas Gerais ou de Volta Redonda. Il y a le contexte humain, social, politique, voire mystique. Lâoutil, câest beaucoup, mais lâouvrier, câest beaucoup aussi, et lâouvrage, et le coeur que lâon y met, ou que lâon nây met pas. Il faudrait ĂȘtre aveugle pour ne pas sentir le poids de cette transformation massive du monde, mais ce nâest pas une transformation omniprĂ©sente et, lĂ oĂč elle sâaccomplit, câest sous des formes, avec une ampleur et une rĂ©sonance humaine rarement semblables. Autant dire que la technique nâest pas tout, ce quâun vieux pays comme la France sait, trop bien sans doute. Le triomphe de la civilisation au singulier, ce nâest pas le dĂ©sastre des pluriels. Pluriels et singulier dialoguent, sâajoutent et aussi se distinguent, parfois Ă lâoeil nu, presque sans quâil soit besoin dâĂȘtre attentif. Sur les routes interminables et vides du Sud algĂ©rien, entre Laghouat et GhardaĂŻa, jâai gardĂ© le souvenir de ce chauffeur arabe qui, aux heures prescrites, bloquant son autocar, abandonnait ses passagers Ă leurs pensĂ©es et accomplissait, Ă quelques mĂštres dâeux, ses priĂšres rituelles⊠Ces images, et dâautres, ne valent pas comme une dĂ©monstration. Mais la vie est volontiers contradictoire le monde est violemment poussĂ© vers lâunitĂ©; en mĂȘme temps, il reste fondamentalement divisĂ©. Ainsi en Ă©tait-il hier dĂ©jĂ unitĂ© et hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© cohabitaient vaille que vaille. Pour renverser le problĂšme un instant, signalons cette unitĂ© de jadis que tant dâobservateurs nient aussi catĂ©goriquement quâils affirment lâunitĂ© dâaujourdâhui. Ils pensent quâhier le monde Ă©tait divisĂ© contre lui-mĂȘme par lâimmensitĂ© et la difficultĂ© des distances montagnes, dĂ©serts, Ă©tendues ocĂ©aniques, Ă©charpes forestiĂšres constituaient autant de barriĂšres rĂ©elles. Dans cet univers cloisonnĂ©, la civilisation Ă©tait forcĂ©ment diversitĂ©. Sans doute. Mais lâhistorien qui se retourne vers ces Ăąges rĂ©volus, sâil Ă©tend ses regards au monde entier, nâen perçoit pas moins des ressemblances Ă©tonnantes, des rythmes trĂšs analogues Ă des milliers de lieues de distance. La Chine des Ming, si cruellement ouverte aux guerres dâAsie, est plus proche de la France des Valois, assurĂ©ment, que la Chine de Mao TsĂ©toung ne lâest de la France de la Ve RĂ©publique. Nâoublions pas dâailleurs que mĂȘme Ă cette Ă©poque, les techniques voyagent. Les exemples seraient innombrables. Mais lĂ nâest pas le grand ouvrier de lâuniformitĂ©. Lâhomme, en vĂ©ritĂ©, reste toujours prisonnier dâune limite, dont il ne sâĂ©vade guĂšre. Cette limite, variable dans le temps, elle est sensiblement la mĂȘme, dâun bout Ă lâautre de la terre, et câest elle qui marque de son sceau uniforme toutes les expĂ©riences humaines, quelle que soit lâĂ©poque considĂ©rĂ©e. Au Moyen Age, au XVIe siĂšcle encore, la mĂ©diocritĂ© des techniques, des outils, des machines, la raretĂ© des animaux domestiques ramĂšnent toute activitĂ© Ă lâhomme lui-mĂȘme, Ă ses forces, Ă son travail; or, lâhomme, lui aussi, partout, est rare, fragile, de vie chĂ©tive et courte. Toutes les activitĂ©s, toutes les civilisations sâĂ©ploient ainsi dans un domaine Ă©troit de possibilitĂ©s. Ces contraintes enveloppent toute aventure, la restreignent Ă lâavance, lui donnent, en profondeur, un air de parentĂ© Ă travers espace et temps, car le temps fut lent Ă dĂ©placer ces bornes. Justement, la rĂ©volution, le bouleversement essentiel du temps prĂ©sent, câest lâĂ©clatement de ces enveloppes » anciennes, de ces contraintes multiples. A ce bouleversement, rien nâĂ©chappe. Câest la nouvelle civilisation, et elle met Ă lâĂ©preuve toutes les civilisations. Mais entendons-nous sur cette expression le temps prĂ©sent. Ne le jugeons pas, ce prĂ©sent, Ă lâĂ©chelle de nos vies individuelles, comme ces tranches journaliĂšres, si minces, insignifiantes, translucides, que reprĂ©sentent nos existences personnelles. A lâĂ©chelle des civilisations et mĂȘme de toutes les constructions collectives, câest dâautres mesures quâil faut se servir, pour les comprendre ou les saisir. Le prĂ©sent de la civilisation dâaujourdâhui est cette Ă©norme masse de temps dont lâaube se marquerait avec le XVIIIe siĂšcle et dont la nuit nâest pas encore proche. Vers 1750, le monde, avec ses multiples civilisations, sâest engagĂ© dans une sĂ©rie de bouleversements, de catastrophes en chaĂźne elles ne sont pas lâapanage de la seule civilisation occidentale. Nous y sommes encore, aujourdâhui. Cette rĂ©volution, ces troubles rĂ©pĂ©tĂ©s, repris, ce nâest pas seulement la rĂ©volution industrielle, câest aussi une rĂ©volution scientifique mais qui ne touche quâaux sciences objectives, dâoĂč un monde boiteux tant que les sciences de lâhomme nâauront pas trouvĂ© leur vrai chemin dâefficacitĂ©, une rĂ©volution biologique enfin, aux causes multiples, mais au rĂ©sultat Ă©vident, toujours le mĂȘme une inondation humaine comme la planĂšte nâen a jamais vue. BientĂŽt trois milliards dâhumains ils Ă©taient Ă peine 300 millions en 1400. Si lâon ose parler de mouvement de lâHistoire, ce sera, ou jamais, Ă propos de ces marĂ©es conjuguĂ©es, omniprĂ©sentes. La puissance matĂ©rielle de lâhomme soulĂšve le monde, soulĂšve lâhomme, lâarrache Ă lui- mĂȘme, le pousse vers une vie inĂ©dite. Un historien habituĂ© Ă une Ă©poque relativement proche le XVIe siĂšcle par exemple a le sentiment, dĂšs le XVIIIe, dâaborder une planĂšte nouvelle. Justement, les voyages aĂ©riens de lâactualitĂ© nous ont habituĂ©s Ă lâidĂ©e fausse de limites infranchissables que lâon franchit un beau jour la limite de la vitesse du son, la limite dâun magnĂ©tisme terrestre qui envelopperait la Terre Ă 8 000 km de distance. De telles limites, peuplĂ©es de monstres, coupĂšrent hier, Ă la fin du XVe siĂšcle, lâespace Ă conquĂ©rir de lâAtlantique⊠Or, tout se passe comme si lâhumanitĂ©, sans sâen rendre compte toujours, avait franchi du XVIIIe siĂšcle Ă nos jours une de ces zones difficiles, une de ces barriĂšres qui dâailleurs se dressent encore devant elle, dans telle ou telle partie du monde. Ceylan vient seulement de connaĂźtre, avec les merveilles de la mĂ©decine, la rĂ©volution biologique qui bouleverse le monde, en somme la prolongation miraculeuse de la vie. Mais la chute du taux de natalitĂ©, qui accompagne gĂ©nĂ©ralement cette rĂ©volution, nâa pas encore touchĂ© lâĂźle, oĂč ce taux reste trĂšs haut, naturel, Ă son maximum⊠Ce phĂ©nomĂšne se retrouve dans maints pays, telle lâAlgĂ©rie. Aujourdâhui seulement, la Chine connaĂźt sa vĂ©ritable entrĂ©e, massive, dans la vie industrielle. La France sây enfonce Ă corps perdu. Est-il besoin de dire que ce temps nouveau rompt avec les vieux cycles et les traditionnelles habitudes de lâhomme? Si je mâĂ©lĂšve si fortement contre les idĂ©es de Spengler ou de Toynbee, câest quâelles ramĂšnent obstinĂ©ment lâhumanitĂ© Ă ses heures anciennes, pĂ©rimĂ©es, au dĂ©jĂ vu. Pour accepter que les civilisations dâaujourdâhui rĂ©pĂštent le cycle de celle des Incas, ou de telle autre, il faut avoir admis, au prĂ©alable, que ni la technique, ni lâĂ©conomie, ni la dĂ©mographie nâont grand-chose Ă voir avec les civilisations. En fait, lâhomme change dâallure. La civilisation, les civilisations, toutes nos activitĂ©s, les matĂ©rielles, les spirituelles, les intellectuelles, en sont affectĂ©es. Qui peut prĂ©voir ce que seront demain le travail de lâhomme et son Ă©trange compagnon, le loisir de lâhomme? Ce que sera sa religion, prise entre la tradition, lâidĂ©ologie, la raison ? Qui peut prĂ©voir ce que deviendront, au-delĂ des formules actuelles, les explications de la science objective de demain, ou le visage que prendront les sciences humaines, dans lâenfance encore, aujourdâhui ? Dans le large prĂ©sent encore en devenir, une Ă©norme diffusion » est donc Ă lâoeuvre. Elle ne brouille pas seulement le jeu ancien et calme des civilisations les unes par rapport aux autres; elle brouille le jeu de chacune par rapport Ă elle-mĂȘme. Cette diffusion, nous lâappelons encore, dans notre orgueil dâOccidentaux, le rayonnement de notre civilisation sur le reste du monde. A peine peut-on excepter de ce rayonnement, Ă dire dâexpert, les indigĂšnes du centre de la Nouvelle-GuinĂ©e, ou ceux de lâEst himalayen. Mais cette diffusion en chaĂźne, si lâOccident en a Ă©tĂ© lâanimateur, lui Ă©chappe dĂ©sormais, de toute Ă©vidence. Ces rĂ©volutions existent maintenant en dehors de nous. Elles sont la vague qui grossit dĂ©mesurĂ©ment la civilisation de base du monde. Le temps prĂ©sent, câest avant tout cette inflation de la civilisation et, semble-t-il, la revanche, dont le terme ne sâaperçoit pas, du singulier sur le pluriel. Semble-t-il. Car je lâai dĂ©jĂ dit cette nouvelle contrainte ou cette nouvelle libĂ©ration, en tout cas cette nouvelle source de conflits et cette nĂ©cessitĂ© dâadaptations, si elles frappent le monde tout entier, y provoquent des mouvements trĂšs divers. On imagine sans peine les bouleversements que la brusque irruption de la technique et de toutes les accĂ©lĂ©rations quâelle entraĂźne peut faire naĂźtre dans le jeu interne de chaque civilisation, Ă lâintĂ©rieur de ses propres limites, matĂ©rielles ou spirituelles. Mais ce jeu nâest pas clair, il varie avec chaque civilisation, et chacune, vis-Ă -vis de lui, sans le vouloir, du fait de rĂ©alitĂ©s trĂšs anciennes et rĂ©sistantes parce quâelles sont sa structure mĂȘme, chacune se trouve placĂ©e dans une position particuliĂšre. Câest du conflit ou de lâaccord entre attitudes anciennes et nĂ©cessitĂ©s nouvelles, que chaque peuple fait journellement son destin, son actualitĂ© ». Quelles civilisations apprivoiseront, domestiqueront, humaniseront la machine et aussi ces techniques sociales dont parlait Karl Mannheim dans le pronostic lucide et sage, un peu triste, quâil risquait en 1943, ces techniques sociales que nĂ©cessite et provoque le gouvernement des masses mais qui, dangereusement, augmentent le pouvoir de lâhomme sur lâhomme? Ces techniques seront-elles au service de minoritĂ©s, de technocrates, ou au service de tous et donc de la libertĂ©? Une lutte fĂ©roce, aveugle, est engagĂ©e sous divers noms, selon divers fronts, entre les civilisations et la civilisation. Il sâagit de dompter, de canaliser celle-ci, de lui imposer un humanisme neuf. Dans cette lutte dâune ampleur nouvelle il ne sâagit plus de remplacer dâun coup de pouce une aristocratie par une bourgeoisie, ou une bourgeoisie ancienne par une presque neuve, ou bien des peuples insupportables par un Empire sage et morose, ou bien une religion qui se dĂ©fendra toujours par une idĂ©ologie universelle , dans cette lutte sans prĂ©cĂ©dent, bien des structures culturelles peuvent craquer, et toutes Ă la fois. Le trouble a gagnĂ© les grandes profondeurs et toutes les civilisations, les trĂšs vieilles ou plutĂŽt les trĂšs glorieuses, avec pignon sur les grandes avenues de lâHistoire, les plus modestes Ă©galement. De ce point de vue, le spectacle actuel le plus excitant pour lâesprit est sans doute celui des cultures en transit » de lâimmense Afrique noire, entre le nouvel ocĂ©an Atlantique, le vieil ocĂ©an Indien, le trĂšs vieux Sahara et, vers le Sud, les masses primitives de la forĂȘt Ă©quatoriale. Cette Afrique noire a sans doute, pour tout ramener une fois de plus Ă la diffusion, ratĂ© ses rapports anciens avec lâĂgypte et avec la MĂ©diterranĂ©e. Vers lâocĂ©an Indien se dressent de hautes montagnes. Quant Ă lâAtlantique, il a Ă©tĂ© longtemps vide et il a fallu, aprĂšs le XVe siĂšcle, que lâimmense Afrique basculĂąt vers lui pour accueillir ses dons et ses mĂ©faits. Mais aujourdâhui, il y a quelque chose de changĂ© dans lâAfrique noire câest, tout Ă la fois, lâintrusion des machines, la mise en place dâenseignements, la poussĂ©e de vraies villes, une moisson dâefforts passĂ©s et prĂ©sents, une occidentalisation qui a fait largement brĂšche, bien quâelle nâait certes pas pĂ©nĂ©trĂ© jusquâaux moelles les ethnographes amoureux de lâAfrique noire, comme Marcel Griaule, le savent bien. Mais lâAfrique noire est devenue consciente dâelle-mĂȘme, de sa conduite, de ses possibilitĂ©s. Dans quelles conditions ce passage sâopĂšre-t-il, au prix de quelles souffrances, avec quelles joies aussi, vous le sauriez en vous y rendant. Au fait, si jâavais Ă chercher une meilleure comprĂ©hension de ces difficiles Ă©volutions culturelles, au lieu de prendre comme champ de bataille les derniers jours de Byzance, je partirais vers lâAfrique noire. Avec enthousiasme. E n vĂ©ritĂ©, aurions-nous aujourdâhui besoin dâun nouveau, dâun troisiĂšme mot, en dehors de culture et de civilisation dont, les uns ou les autres, nous ne voulons plus faire une Ă©chelle des valeurs? En ce milieu du XXe siĂšcle, nous avons insidieusement besoin, comme le XVIIIe siĂšcle Ă sa mi-course, dâun mot nouveau pour conjurer pĂ©rils et catastrophes possibles, dire nos espoirs tenaces. Georges Friedmann, et il nâest pas le seul, nous propose celui dâhumanisme moderne. Lâhomme, la civilisation, doivent surmonter la sommation de la machine, mĂȘme de la machinerie lâautomation qui risque de condamner lâhomme aux loisirs forcĂ©s. Un humanisme, câest une façon dâespĂ©rer, de vouloir que les hommes soient fraternels les uns Ă lâĂ©gard des autres et que les civilisations, chacune pour son compte, et toutes ensemble, se sauvent et nous sauvent. Câest accepter, câest souhaiter que les portes du prĂ©sent sâouvrent largement sur lâavenir, au-delĂ des faillites, des dĂ©clins, des catastrophes que prĂ©disent dâĂ©tranges prophĂštes les prophĂštes relĂšvent tous de la littĂ©rature noire. Le prĂ©sent ne saurait ĂȘtre cette ligne dâarrĂȘt que tous les siĂšcles, lourds dâĂ©ternelles tragĂ©dies, voient devant eux comme un obstacle, mais que lâespĂ©rance des hommes ne cesse, depuis quâil y a des hommes, de franchir. © Le Temps stratĂ©gique, No 82, GenĂšve, juillet-aoĂ»t 1998 ADDENDA Sur Braudel Son premier mĂ©rite, câest quâil a vraiment compris quâau vingtiĂšme siĂšcle, il fallait faire une histoire au-delĂ de lâhexagone, au-delĂ des problĂšmes français, quâil fallait absolument percevoir les problĂšmes europĂ©ens et, pour reprendre une expression qui nâexistait pas encore quand il a Ă©crit La MĂ©diterranĂ©e, les problĂšmes du tiers monde, et mĂȘme avoir une vision planĂ©taire. Sa vision mondiale de lâHistoire Je crois que son grand mĂ©rite a Ă©tĂ© de comprendre quâil y avait une Ă©volution irrĂ©pressible, que personne ne pouvait contenir, pour sortir de cette espĂšce dâeuropĂ©o-centrisme qui avait fonctionnĂ© Ă plein au XIXe siĂšcle et Ă lâĂ©poque coloniale, et encore pendant la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle, et quâil fallait dĂ©sormais avoir vraiment une vision mondiale de lâhistoire. Son histoire Ă plusieurs temps Son second mĂ©rite ⊠a Ă©tĂ© de mettre en relation les Ă©vĂ©nements historiques et les Ă©vĂ©nements Ă plus longue durĂ©e, disons les Ă©vĂ©nements anthropologiques, et ainsi de concevoir quâil y a plusieurs temps dans lâhistoire. Il y a un temps court, celui des Ă©vĂ©nements; cela ne correspond dâailleurs pas du tout Ă sa pensĂ©e de dire quâil a rejetĂ© lâĂ©vĂ©nement, mais il a toujours considĂ©rĂ© quâil fallait ĂȘtre capable dâaller plus loin que les Ă©vĂ©nements, de comprendre ce qui les provoquait, mĂȘme quand il sâagissait dâĂ©vĂ©nements aussi dramatiques que la RĂ©volution française par exemple. Et puis il y a ce quâil a appelĂ© la longue durĂ©e et cela a Ă©tĂ© une idĂ©e trĂšs importante ⊠Sa mise en scĂšne du social Dâune façon plus gĂ©nĂ©rale, il a introduit non seulement lâhistoire sociale mais le rĂŽle des sociĂ©tĂ©s dans lâhistoire Ă©conomique. On avait tendance Ă compartimenter les choses, avec, disons, une histoire des Ă©vĂ©nements, des gouvernements et des chancelleries; une histoire plus sociale et une histoire Ă©conomique, celle-ci tendant Ă ĂȘtre en quelque sorte autonome par rapport aux autres, mĂȘme si on essayait dâen tirer des enseignements pour les deux autres. Je crois que Braudel a beaucoup veillĂ© Ă introduire les changements sociaux, les modifications des sociĂ©tĂ©s, dans lâhistoire Ă©conomique. » Pierre Daix, in Regards », Paris, No 7, novembre 1995, Ă propos du livre quâil venait dâĂ©crire Braudel Paris, Flammarion, 1995. Ibn Khaldoun, prĂ©curseur mĂ©diĂ©val de lâhistoire des civilisations Ibn Khaldoun 1331-1406, historien maghrĂ©bin, a Ă©tĂ© lâun des premiers thĂ©oriciens de lâhistoire des civilisations. Arnold Toynbee dit de lui quâil a conçu et formulĂ© une philosophie de lâHistoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais Ă©tĂ© créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays. » VĂ©rifier les faits investiguer les causes » Dans la Muqadimma, introduction en trois volumes de son Kitab al-Ibar Histoire des Arabes, des Persans et des BerbĂšres, Ibn Khaldoun Ă©crit Jâai suivi un plan original pour Ă©crire lâHistoire et choisi une voie qui surprendra le lecteur, une marche et un systĂšme tout Ă fait Ă moi ⊠en traitant de ce qui est relatif aux civilisations et Ă lâĂ©tablissement des villes ». Il est conscient que sa dĂ©marche novatrice qui rompt avec lâinterprĂ©tation religieuse de lâhistoire Les discours dans lesquels nous allons traiter de cette matiĂšre formeront une science nouvelle ⊠Câest une science sui generis car elle a dâabord un objet spĂ©cial la civilisation et la sociĂ©tĂ© humaine, puis elle traite de plusieurs questions qui servent Ă expliquer successivement les faits qui se rattachent Ă lâessence mĂȘme de la sociĂ©tĂ©. Tel est le caractĂšre de toutes les sciences, tant celles qui sâappuient sur lâautoritĂ© que celles qui sont fondĂ©es sur la raison. » Tout au long de son oeuvre, il souligne la discipline Ă laquelle doivent sâastreindre ceux qui exercent le mĂ©tier dâhistorien lâexamen et la vĂ©rification des faits, lâinvestigation attentive des causes qui les ont produits, la connaissance profonde de la maniĂšre dont les Ă©vĂ©nements se sont passĂ©s et dont ils ont pris naissance. » Les empires durent environ 120 ans » Ibn Khaldoun nâa le loisir dâĂ©tudier que le monde arabo-musulman lâAndalousie, le Maghreb, le Machreq. Câest donc dans ce cadre limitĂ© quâil Ă©labore sa thĂ©orie cyclique des civilisations rurales ou bĂ©douines umran badawi et urbaines umran hadari. Pour lui, les civilisations sont portĂ©es par des tribus qui fondent dynasties et empires. » Les empires ainsi que les hommes ont leur vie propre ⊠Ils grandissent, ils arrivent Ă lâĂąge de maturitĂ©, puis ils commencent Ă dĂ©cliner ⊠En gĂ©nĂ©ral, la durĂ©e de vie [des empires] ⊠ne dĂ©passe pas trois gĂ©nĂ©rations 120 ans environ. » Ibn Khaldoun, conseiller auprĂšs de deux sultans maghrĂ©bins, grand juge cadi au Caire, put observer de lâintĂ©rieur lâĂ©mergence du pouvoir politique et sa confrontation Ă la durĂ©e historique. Ibn Khaldoun est considĂ©rĂ© comme lâun des fondateurs de la sociologie politique. Sources Discours sur lâhistoire universelle Al Muqadimma, par Ibn Khaldoun, traduit de lâarabe par Vincent Monteil Paris/Arles, Sindbad/Actes Sud, 3e Ă©dition, 1997 et Ibn Khaldoun naissance de lâhistoire, passĂ© du tiers monde, par Yves Lacoste Paris, François Maspero, 1978, rééditĂ© chez La DĂ©couverte, 1998. De quelques noms citĂ©s Georges Friedmann 1902-1977, philosophe français, est surtout connu pour ses travaux de sociologue du travail. ConsidĂ©rĂ© comme un des plus importants rĂ©novateurs français des sciences sociales de lâaprĂšs-guerre, il eut recours aux outils dâanalyse marxistes pour observer les grands bouleversements Ă lâoeuvre dans la sociĂ©tĂ© industrielle. Il est lâauteur de nombreux ouvrages dont TraitĂ© de sociologie du travail coauteur avec Pierre Naville, Paris, A. Colin, 1961-1962, Humanisme du travail et humanitĂ©s Paris, A. Colin, 1950, OĂč va le travail humain? Paris, Gallimard, 1970. Le bon vieux temps du Dakar-Djibouti Marcel Griaule 1898-1956, ethnologue français, fut engagĂ© dans de nombreuses recherches de terrain couvrant notamment lâAbyssinie, le Soudan français et le Tchad. Il fut Ă©galement Ă la tĂȘte de la mission ethnographique Dakar-Djibouti 1931-1933 et titulaire en 1942 de la premiĂšre chaire dâethnologie Ă la Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages sur la mĂ©thode ethnographique, il sâest particuliĂšrement intĂ©ressĂ© Ă lâethnie Dogon Mali. Charles Seignobos 1854-1942 historien français, auteur en particulier dâune Histoire politique de lâEurope contemporaine 1897. ConsidĂ©rant que tout ce qui nâest pas prouvĂ© doit rester provisoirement douteux », Seignobos fut partisan dâune histoire superficielle et Ă©vĂ©nementielle. Cette vision positiviste » rencontra de vives contestations auprĂšs dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration dâhistoriens pour qui la nĂ©cessitĂ© dâapprofondir les phĂ©nomĂšnes devait permettre une comprĂ©hension plus globale de lâhistoire. Une culture naĂźt au moment oĂč une grande Ăąme se rĂ©veille » Oswald Spengler, 1880-1936, philosophe allemand, est lâauteur du cĂ©lĂšbre DĂ©clin de lâOccident 1916-1920, ouvrage qui eut un Ă©cho Ă la mesure de lâeffondrement de lâempire allemand. Spengler expose dans son ouvrage une philosophie pessimiste de lâhistoire, en opposition Ă lâidĂ©ologie de progrĂšs dominant Ă lâĂ©poque. Selon lui, lâOccident serait entrĂ© dĂšs les dĂ©buts du XXe siĂšcle dans sa phase de dĂ©clin. Au-delĂ , Spengler propose une thĂ©orie gĂ©nĂ©rale et cyclique des huit principales civilisations et des innombrables cultures du monde. Pour lui, il nâexiste pas de sens gĂ©nĂ©ral de lâhistoire juste des successions de cycles similaires au cycle biologique. Pour lui, les unitĂ©s de base de lâhistoire sont les cultures dont il dit quâelles sont de vĂ©ritables organismes vivants Une culture naĂźt au moment oĂč une grande Ăąme se rĂ©veille, se dĂ©tache de lâĂ©tat psychique primaire dâĂ©ternelle enfance humaine, forme issue de lâinforme, limite et caducitĂ© sorties de lâinfini et de la durĂ©e. Elle croĂźt sur le sol dâun paysage exactement dĂ©limitable, auquel elle reste liĂ©e comme la plante. Une culture meurt quand lâĂąme a rĂ©alisĂ© la somme entiĂšre de ses possibilitĂ©s, sous la forme de peuples, de langues, de doctrines religieuses, dâarts, dâĂtats, de sciences, et quâelle retourne ainsi Ă lâĂ©tat psychique primaire. » Le nazisme tenta de rĂ©cupĂ©rer les conceptions philosophiques de Spengler, puis finit par les critiquer. De lâaction civilisatrice des minoritĂ©s crĂ©atrices » Arnold Toynbee 1889-1975, historien britannique, est lâauteur dâune somme monumentale, Study of History Ătude de lâhistoire, publiĂ©e en douze volumes entre 1934 et 1961. DĂ©nombrant 26 civilisations, il dĂ©veloppe une conception cyclique de leur Ă©volution. Pour lui, les civilisations naissent de lâaction de minoritĂ©s crĂ©atrices » et passent toutes par des Ă©tapes de croissance, de rupture breakdown puis de dĂ©sintĂ©gration. Son oeuvre tĂ©moigne dâune vision non-europĂ©ocentrique de lâhistoire. Paul ValĂ©ry 1871-1945, Ă©crivain français proche du poĂšte MallarmĂ©, entrĂ© en 1925 Ă lâAcadĂ©mie française, est lâauteur dâune phrase cĂ©lĂšbre sur le destin des civilisations Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » VariĂ©tĂ© I, La crise de lâesprit, p. 1. Paris, Gallimard, 1978. Pour une histoire des civilisations Grammaire des civilisations, par Fernand Braudel. Paris, Arthaud, 1987. LâHistoire, un essai dâinterprĂ©tation, par Arnold Toynbee version abrĂ©gĂ©e de A Study of History traduit de lâanglais par Elisabeth Julia. Paris, Gallimard, 1951. Le DĂ©clin de lâOccident, par Oswald Spengler traduit de lâallemand par M. Tazerout. Paris, 2 volumes, Gallimard, 1931-1933. Culture and History, prolegomena to the comparative study of civilizations, par Philip Bagby. Westport, Conn., Greenwood Press, 1976. Grandeur et dĂ©cadence des civilisations, par Shepard Bancroft Clough. Paris, Payot, 1954.
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ", Ă©crit ValĂ©ry dans la cĂ©lĂšbre "PremiĂšre Lettre" de "La crise de l'esprit" qui ouvre VariĂ©tĂ© 7. A la mĂȘme Ă©poque en 1919, que pense Gide de notre civilisation occidentale, agonisante aprĂšs la dĂ©liquescence de l'Histoire qui suit la premiĂšre Guerre Mondiale ? Interrogation curieuse : soumettre Ă Gide
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, dâempires coulĂ©s Ă pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă travers lâĂ©paisseur de lâhistoire, les fantĂŽmes dâimmenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et dâesprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, nâĂ©taient pas notre affaire. Et nous voyons maintenant que lâabĂźme de lâhistoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons quâune civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© quâune vie. Paul ValĂ©ry, La Crise de lâesprit, 1919 - AgrĂ©gĂ© de Lettres modernes - Docteur Ăšs Lettres et Sciences Humaines Prix de ThĂšse de la Chancellerie des UniversitĂ©s de Paris - DiplĂŽmĂ© dâEtudes approfondies en LittĂ©rature française - DiplĂŽmĂ© dâEtudes approfondies en Sociologie - MaĂźtre de Sciences Politiques Voir tous les articles par brunorigolt
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Biographie - Paul ValĂ©ry Ecrivain, poĂšte et philosophe français. Naissance 1871 - DĂ©cĂšs 1945PĂ©riodeXXe siĂšcleXIXe siĂšcleLieu de naissance France Nous sentons quâune civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© quâune vie. Note Source La crise de l'espritVoir aussi... Citations sur la vie Paul ValĂ©ry a dit aussi... Une citation est une phrase sortie de son contexte. Pour mieux la lire et la comprendre, il convient donc de la restituer dans l'Ćuvre et la pensĂ©e de l'auteur ainsi que dans son contexte historique, gĂ©ographique ou philosophique. Une citation exprime l'opinion de son auteur et ne saurait engager le site Attribution de l'image titre, auteur, licence et source du fichier original sur WikipĂ©dia. Modifications des modifications ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă cette image Ă partir de l'image originale recadrage, redimensionnement, changement de nom et de couleur. Abonnez-vous Ă la Citation du Jour par email Pour recevoir une citation tous les jours envoyĂ©e par email, entrez votre adresse Email et cliquez sur envoyer. C'est gratuit, sans spam et vous pouvez vous dĂ©sinscrire Ă tout moment.
QuandValĂ©ry Ă©crit « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », câest Ă lâeuropĂ©enne quâil pense. Il pense que la civilisation europĂ©enne occupe une situation privilĂ©giĂ©e, qui ne va pas durer, et entretient un rapport inĂ©gal aux autres contrĂ©es. Il prend lâexemple du rapport de lâAngleterre Ă lâInde
Le deal Ă ne pas rater Cartes PokĂ©mon sortie dâun nouveau coffret Ultra Premium ... Voir le deal philo Z'amis Forum des citoyens Philosophie 3 participantsAuteurMessageMorgan Kane******Sujet Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 11 Nov - 1138 De Paul Valery, aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, dâempires coulĂ©s Ă pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă travers lâĂ©paisseur de lâhistoire, les fantĂŽmes dâimmenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et dâesprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, nâĂ©taient pas notre Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que lâabĂźme de lâhistoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons quâune civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© quâune vie. Les circonstances qui enverraient les Ćuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ćuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les nâest pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il nâa pas suffi Ă notre gĂ©nĂ©ration dâapprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident ; elle a vu, dans lâordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de lâĂ©vidence. Je nâen citerai quâun exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que lâoisivetĂ© jamais nâa créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, lâinstruction la plus solide, la discipline et lâapplication les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă dâĂ©pouvantables desseins. Tant dâhorreurs nâauraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant dâhommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ?_________________Tout smouales Ă©taient les borogoves NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 18 Nov - 1511 Morgan Kane a Ă©crit Je nâen citerai quâun exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que lâoisivetĂ© jamais nâa créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, lâinstruction la plus solide, la discipline et lâapplication les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă dâĂ©pouvantables desseins. Dur, ton texte !Les vertus du peuple allemand... Faut-il les appeler ainsi ? Tout le peuple est-il responsable ? Certes, un tarĂ© bien entourĂ© a Ă©tĂ© dĂ©mocratiquement Ă©lu, mais ne faisons-nous pas les mĂȘme erreurs, nous autres Français, bien moins vertueux ?Combien d'Ă©lecteurs auraient peu imaginer l'horreur qui s'en est suivie ? Morgan Kane a Ă©crit Tant dâhorreurs nâauraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant dâhommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ? Tu sais bien que le peuple suit celui qui parle bien ! Tellement de gens se font avoir eux-mĂȘmes en toute honnĂȘtetĂ© vertu en espĂ©rant vivre mieux et en croyant que ce qu'on leur dit est bon. Certes, nous sommes tous des Ă©goĂŻstes, quelque part, ce qui n'est pas une vertu, mais la Ă toi InvitĂ© et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 530 Nous l'avons toujours su mais il faut rĂ©guliĂšrement des piqĂ»res de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste Ă l'effondrement mondial de l'Ă©conomie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis Ă terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relĂšveront pas entrainant Ă leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financiĂšres. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaĂźtra-t'il ? Morgan Kane******Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 610 Pestoune a Ă©crit Nous l'avons toujours su mais il faut rĂ©guliĂšrement des piqĂ»res de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste Ă l'effondrement mondial de l'Ă©conomie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis Ă terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relĂšveront pas entrainant Ă leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financiĂšres. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaĂźtra-t'il ? Compte tenu du rĂšgne de la finance et du marchĂ©, une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de reconstruire le monde d'avant ..... jusqu'Ă la catastrophe finale .... Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus. _________________Tout smouales Ă©taient les borogoves Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 820 Morgane Kane a Ă©crit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensĂ©e. NĂ©anmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste Ă un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hĂ©las les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher Ă ce modĂšle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun Ă faire entre tous les pays. Un travail collĂ©gial qui donnerait une autre direction Ă l'humanitĂ©. Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la dĂ©faite. Il faut que le monde souffre pour renaĂźtre. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1259 Pestoune a Ă©crit Morgane Kane a Ă©crit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensĂ©e. NĂ©anmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste Ă un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hĂ©las les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher Ă ce modĂšle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun Ă faire entre tous les pays. Un travail collĂ©gial qui donnerait une autre direction Ă l'humanitĂ©. N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes mĂȘme pas en mesure de nous entendre dans le mĂȘme pays, d'ĂȘtre solidaires en Europe pour faire front. Pestoune a Ă©crit Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la dĂ©faite. Il faut que le monde souffre pour renaĂźtre. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. _________________Bienvenue Ă toi InvitĂ© et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1408 Nelly a Ă©crit N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes mĂȘme pas en mesure de nous entendre dans le mĂȘme pays, d'ĂȘtre solidaires en Europe pour faire front. D'oĂč mon emploi du conditionnel Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Page 1 sur 1 Sujets similaires» SOMMES NOUS ENCORE CAPABLES DE NOUS SENTIR RESPONSABLES» Sommes nous responsables de ce que nous sommes ? » ĂTRE ZEN LE SAVONS NOUS?» Du coq Ă l'Ăąne, comportements et instincts, oĂč en sommes nous?» Philosophie et MediasPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumphilo Z'amis Forum des citoyens PhilosophieSauter vers
Citationde Paul Valéry : "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus
These two letters were first published in English in the London weekly AthenĂŠus, nr. 4641, April 11, 1919 and nr. 4644, May 2, 1919. Texte reproduit d'aprĂšs Paul VALĂRY, Ćuvres I, Ă©dition Ă©tablie et annotĂ©e par Jean Hytier, Paris, Gallimard 1957, collection "La PlĂ©iade", pp. 988-1014. - Blog Paul ValĂ©ry VARIĂTĂ ESSAIS QUASI POLITIQUES LA CRISE DE L'ESPRIT PREMIĂRE LETTRE Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă travers l'Ă©paisseur de l'histoire, les fantĂŽmes d'immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d'esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n'Ă©taient pas notre affaire. Ălam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l'abĂźme de l'histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu'une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu'une vie. Les circonstances qui enverraient les ouvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ćuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. Cf. Cicero, I have spared no pains to make myself master of the Greek language and learning Schiller, A glorious humanity Hugo, In a grand parliament of intelligence Emerson, When the Gods come among men - Disclosing in every fact a germ of expansion Ortega y Gassett, The birth of the city Aeschylus, Nobody's slaves Plato, Tyranny and slavery Gennadius Scholarius, Words are the fathers of all Good Pope Benedict XVI, The Papal Science Learned Freeware Enable Desktop Gadgets on Windows 10 or 11 Search ALL Desktop Gadget Font viewers, to browse, test, install and uninstall your fonts Daily Reading Gadget Greek Clock desktop gadget More Amazon Search Gadget Bible Reader Old Standard and Didot Unicode Greek Polytonic Fonts Menologion Inspirational Desktop Gadget More
Introduction: « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de LâEsprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă son texte philosophique VariĂ©tĂ© l.
La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement â lâinsoutenable lĂ©gĂšretĂ© de lâĂȘtreâ mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de la mĂ©decine, nous soyons rĂ©duits Ă nous calfeutrer chez nous pour prĂ©venir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen-Ăąge ? Grandeur et misĂšre de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les Ă©galer aprĂšs les avoir mis Ă mort ? L'avĂšnement d'un " Homo deus" prophĂ©tisĂ© par Shlomo Sand paraĂźt bien lointain face au cataclysme viral de dimension biblique qui frappe aujourdâhui lâhumanitĂ©. Lâhistoire nous apprend quâaprĂšs les grandes crises il nây a jamais fermeture de la parenthĂšse. Il y aura certes un jour dâaprĂšs. Mais lâampleur de la crise Ă©conomique, sociale et politique pourrait nous mener vers un monde diffĂ©rent. A cela sâajouter les risques dâune crise morale comparable Ă celle qui sâest produite aprĂšs chacune des deux guerres mondiales qui ont Ă©tĂ© un choc pour lâidĂ©e de progrĂšs et de la croyance en un monde meilleur. Il a suffi dâun grain de sable pour gripper le mĂ©canisme de notre Ă©conomie mondialisĂ©e ; plus fragile parce que plus interconnectĂ©e que par le passĂ©. Le Fond MonĂ©taire International estime mĂȘme que le coronavirus pourrait engendrer les pires consĂ©quences Ă©conomiques au niveau mondial depuis la grande crise de 1929. Cette rĂ©cession va probablement freiner le processus de mondialisation, et de libre circulation des biens. Elle risque dâexacerber la guerre Ă©conomique entre la Chine d'une part et les Etats-Unis et l'Europe d'autre part. Ces derniers voudront sans doute amoindrir leur dĂ©pendance envers la Chine en relocalisant certaines industries. Quand lâEmpire du Milieu avait le monopole de la production de la soie, il prit des mesures drastiques afin dâempĂȘcher l'exportation de ce savoir-faire, avant que des marchands italiens ne parviennent finalement Ă en dĂ©rober le secret Ă la fin du Moyen-Ăąge. Plus naĂŻf, l'Occident a permis au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies Ă la Chine de piller ses technologies et dâaccumuler un excĂ©dent commercial colossal Ă son dĂ©triment. Donald Trump a Ă©tĂ© le premier Ă prendre la mesure de ce danger. L'Europe lui emboĂźtera-t-elle le pas ? La maitrise dont a fait preuve la Chine pour juguler lâĂ©pidĂ©mie est en tout cas un indice rĂ©vĂ©lateur du dĂ©fi grandissant que pose Ă lâOccident son modĂšle autoritaire, sa puissance Ă©conomique et ses avancĂ©es technologiques, ainsi que du dĂ©placement du centre de gravitĂ© du monde vers l'Empire du plan politique, la crise a rĂ©vĂ©lĂ© Ă la fois les limites de la gouvernance mondiale dans le cadre de l'utopie appelĂ©e " communautĂ© internationale" et des gestes de solidaritĂ© de la part de certains pays, contrastant avec le repli nationaliste et Ă©goĂŻste dâautres pays. Câest ainsi par exemple que Cuba, la Chine et la Russie ont envoyĂ© des Ă©quipes mĂ©dicales pour aider l'Italie Ă lutter contre le coronavirus, contrairement Ă ses voisins et partenaires au sein de l'Union EuropĂ©enne l'Allemagne et la France, ce qui a suscitĂ© une profonde amertume de la part des Italiens. Certes finalement les membres de lâUnion EuropĂ©enne sont parvenus Ă un accord sur un fond de soutien commun Ă lâĂ©conomie qualifiĂ© de grand jour pour la solidaritĂ© europĂ©enne » par Berlin. Il nâen reste pas moins que la pandĂ©mie qui a surtout frappĂ© lâItalie et lâEspagne montre la fracture bĂ©ante entre les pays du Nord et du Sud de lâUnion EuropĂ©enne dĂ©jĂ Ă©branlĂ©e par le Brexit. Au niveau individuel, selon Boris Cyrulnik Il y a deux catĂ©gories de gens ceux qui vont souffrir du confinement et ceux qui le vivent comme une forme de ressourcement » Provoquera-t-il chez eux un changement de valeurs, de paradigmes ? Une revalorisation dâun mode de vie dâavantage en harmonie avec soi-mĂȘme, les autres et la nature. Au niveau global y aura-t-il un monde dâavant et dâaprĂšs la catastrophe ? Une remise en question du modĂšle Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral ? Une rĂ©affirmation de la souverainetĂ© de lâEtat et un renforcement de la compĂ©tition entre Etats, ou au contraire une prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© dâune meilleure coopĂ©ration face aux dĂ©fis communs quâaffronte lâhumanitĂ© ? Sâajoutant au rĂ©chauffement climatique dĂ©noncĂ© par sa jeune Cassandre, la crise provoquĂ©e par le coronavirus montre en tout cas quâil y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre petite planĂšte. Et les habitants desautres planĂštes de notre galaxie doivent se rĂ©jouir que les hommes n'aient pas encore inventĂ© des vaisseaux spatiaux capables d'arriver jusquâĂ reineabbas
Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans lâespace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e ou créée de toutes piĂšces, chaque civilisation sâaffranchit de cette mortalitĂ©, tant pour les historiens que pour les artistes, car elle est le creuset dans lequel est
Agonie ou renaissance de la civilisation europĂ©enne » LâEurope deviendra-t-elle ce quâelle est en rĂ©alitĂ©, câest-Ă -dire . un petit cap du continent asiatique Paul valĂ©ry, variĂ©tĂ© 1 -1924 Nous autres, civllisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase, oh combien cĂ©lĂšbre, dĂ©bute le texte VariĂ©tĂ© l », dans lequel, quelques pages plus loin, ValĂ©ry se demande s org mondiale dans tous I do Sni* to gĂ©ographie lui assign La barbarie de la pre fauchĂ© des millions d a prééminence a la place que la inent asiatique ». pas seulement pris ceux qui par leur talent participaient au prestige universel de lâEurope, mais a remis fondamentalement en cause les valeurs humanistes qui Ă©clairaient jusquâalors tous ceux qui dans le monde souhaitaient, par la raison et le respect de lâindividu, sâengager dans lâaventure du progrĂšs humain. Pour ValĂ©ry, il ne faut ni dĂ©sespĂ©rer, ni espĂ©rer, mais comprendre. Cette interrogation se veut bien davantage un rĂ©veil de lâesprit europĂ©en quâune prĂ©vision pessimiste. Comprendre ce qui a fait que ce continent exigu a Ă©nĂ©rĂ© une civilisation servant de rĂ©fĂ©rence universelle et ce qui peut faire craindre quâelle ne finisse plus par nâĂȘtre quâun petit territoire regroupant une population ne se distinguant du reste du monde que par sa faiblesse numĂ©rique. La mĂȘme question est posĂ©e aujourdâhui, et, ironie d de lâHistoire, au moment oĂč tous les regards, inquiets ou fascinĂ©s, se tournent vers lâAsie. Nous nous la poserons donc de la mĂȘme façon, dâabord en tentant de comprendre ce qui a donnĂ© ce lustre universel Ă la civilisation europĂ©enne et ensuite ce qui peut faire raindre sinon sa dĂ©cadence du moins sa banalisation. LâEurope, moteur de lâhistoire mondiale. Une telle formule pourrait ĂȘtre prise Ă la fois comme une Ăąnerie -toutes les civilisations ont une histoire propre, entre autres avant que lâEurope ne les influence- et comme la marque dâune arrogance ethnocentrique, occultant que lâEurope sâest largement alimentĂ©e des autres cultures. Cependant, si lâon entend Histoire dans le sens du changement continuel des structures fondamentales dâune civilisation, non seulement lâEurope se singularise nettement des autres, dont lâĂ©volution trĂšs lente ut souvent proche de la stagnation, mais ces civilisations sont entrĂ©es dans le changement au contact de lâEurope et de plus, en lâimitant, sâen inspirant ou la combattant, bref en la prenant comme modĂšle attractif ou rĂ©pulsif. Que les EuropĂ©ens aient pendant longtemps considĂ©rĂ© quâils civilisaient les autres peuples Ă©tait bien sĂ»r la manifestation de leur ethnocentrisme et de leur ignorance. Il reste que lâacculturation rĂ©ciproque entre [Europe et le reste du monde sâest traduite par lâeuropĂ©anisation progressive de la planĂšte. MalgrĂ© lâor ou les patates, lâEurope nâest pas indienne, mais lâAmĂ©rique du sud est latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vita latine, chrĂ©tienne et ne cesse de se battre pour plus de dĂ©mocratie, voire de socialisme. MĂȘme en Ă©vitant la colonisation, des cultures aussi puissantes que celle dâAsie justement, comme le Japon et la Chine, sortirent de leur torpeur traditionnelle pour copier, avec plus ou moins de bonheur le modĂšle europĂ©en. La dĂ©mocratie et le socialisme, la science et les techniques et mĂȘme a culture dâorigine europĂ©enne sont ou plaquĂ©es ou intĂ©grĂ©es selon les domaines. Des orchestres symphoniques chinois ou japonais jouent les Ćuvres de Mozart ou de Beethoven, les jeunes Ă©coutent la musique anglaise ou amĂ©ricaine, alors que lâopĂ©ra No est un exotisme qui risque peu de remplir le Zenith et nâest plus quâun exotisme archaĂŻque pour les Japonais eux- memes. On pourrait bien sĂ»r Ă©numĂ©rer les emprunts de lâEurope â la poudre, la boussole, les techniques dâirrigation, la soie, le thĂ© etc⊠-, mais lĂ est peut-ĂȘtre le cĆUr de la distinction. Dâun cĂŽtĂ©, emprunts matĂ©riels, de lâautre diffusion de valeurs et de principes. Ceux-ci permettant dâailleurs Ă lâEurope de progresser aussi dans le domaine matĂ©riel et de devenir lĂ aussi dominante, en particulier Ă partir de la rĂ©volution industrielle. Cette hĂ©gĂ©monie matĂ©rielle participe dĂ©sormais Ă la diffusion du modĂšle culturel, et mĂȘme lâaccĂ©lĂšre tout au long du XXĂšme siĂšcle, mais en modifiant, voire pervertissant, cette diffusion, nous y reviendrons dans la deuxiĂšme partie. Une Ă©nergie plus quâune force de frappe. Le constat fait par ValĂ©ry de lâĂ©troitesse territoriale de FEurope, ? quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mo ValĂ©ry de lâĂ©troitesse territoriale de lâEurope, Ă quoi il faudrait joindre sa faiblesse dĂ©mographique relative, nâest pas nouveau. Il serait donc sans pertinence dâattribuer cette hĂ©gĂ©monie universelle Ă une expansion physique de lâEurope, sinon en fin de pĂ©riode, oĂč justement son influence spirituelle » sâaffaiblit ou est contestĂ©e. On peut mĂȘme avancer que chaque fois quâil y a eu vellĂ©itĂ© dâexpansion physique, il y a eu Ă©chec La GrĂšce prĂšs Alexandre, lâEspagne aprĂšs Philippe Il, le rĂȘve impĂ©rial de NapolĂ©on, pour ne prendre que quelques exemples. Mais ces Ă©checs permettent, en creux, de voir que Pinfluence est dâune autre nature. Ainsi, pour reprendre les exemples, lâimpact de la pensĂ©e grecque, du christianisme et des idĂ©es de la RĂ©volution française est IndiffĂ©rent Ă ces Ă©checs et dĂ©clins. Jailleurs la domination physique, qui nâa rien de singulier Ă lâEurope, aurait davantage fait hair et rejeter que fasciner et imiter. Ce nâest donc pas la puissance matĂ©rielle, au demeurant bien faible, mais Ă©nergie crĂ©atrice dâidĂ©es neuves qui explique cette hĂ©gĂ©monie europĂ©enne. Mais cette Ă©nergie ne doit Ă©videmment rien Ă une quelconque spĂ©cificitĂ© gĂ©nĂ©tique des EuropĂ©ens. En outre ce moteur crĂ©atif ne concerne jamais lâEurope dans son ensemble, mais au contraire est le fait dâune infime minoritĂ© dans un territoire trĂšs limitĂ© AthĂšnes du VĂšme siĂšcle avant JC, Rome, les villes italiennes et flamandes de la Renaissance, la France des LumiĂšres et de la RĂ©volution, lâAngleterre de la rĂ©volution capitaliste etc. En fait, ces Ă©tincelles » intelle PAGF
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nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles